Chine

La période relative à la Chine est couverte en 5 articles :

  1. Pékin et ses alentours (dont la Grande Muraille)
  2. Xi'an, le mont Huashan puis les portes du Tibet à Xiahé
  3. De Langmusi aux Pandas de Chengdu en passant par le fabuleux parc de Jiuzhaigou
  4. Shanghai et le village d'eau de Xitang
  5. Le mont Huangshan, les rizières du dos du dragon et les paysages de Yangshuo (à venir)

Les articles sont par contre présentés par ordre antéchronologique, du plus récent au plus ancien, 1 par page.

De la Montagne Jaune aux rizières du dos du Dragon et aux pics de Yangshuo

La ville de Tunxi, province de Anhui, où nous arrivons le 23 novembre au soir est vraiment chouette. Je ne pourrai malheureusement pas l’illustrer par un support visuel car allez savoir pourquoi nous n’y avons pris aucune photo. Je pense qu’on se trouvait alors tellement dans une routine de voyage que le réflexe de la photo s’estompait. C’est finalement une note assez générale car il y a plein de moments en Chine durant lesquels nous n’avons pas pris de photo (certaines soirées, les auberges, Chengdu, les voyages en train, etc..), il est important de faire attention à ne pas perdre l’habitude de sortir son appareil.

Bon toujours est-il que cette vieille ville marchande de Tunxi est fort jolie. Arrivés en car le soir, nous prenons un bus depuis la terminal pour nous rendre à l’auberge que nous avions sélectionnée. 2 frère et sœur en visite dans leur famille nous indiquent très gentiment le chemin, ils iront même jusqu’à descendre du bus avec nous pour nous guider à l’entrée de l’auberge. Dommage ils ne nous proposent pas l’hospitalité chez leurs parents.

Nous avions prévu de partir dès le lendemain matin pour le Mont Huangshan, mais une française de notre auberge nous apprend que la météo prévoit de la pluie toute la journée là-bas et qu’il vaudrait mieux décaler notre planning. Etant donné que nous ne sommes pas pressés (je vous rappelle que nous devons de toute manière attendre que nos extensions de visa soient finalisées à Shanghai), on se dit qu’il vaut mieux effectivement repousser d’un jour et d’y aller quoiqu’il arrive le surlendemain.

Nous allons donc diner tranquillement et tombons sur un restaurant absolument fantastique. Le principe est simple, mais tellement pratique pour nous pauvres européens ne comprenant rien à la cuisine chinoise (qui soit dit en passant, n’a strictement rien à voir avec ce qu’ils nous servent dans les restaurant chinois de Paris (s’en est d’ailleurs à se demander pourquoi les cars de touristes chinois s’obstinent à aller dans les restaurant chinois à Paris vu qu’à priori ils ne retrouvent pas ce à quoi ils sont habitués, mais bon aller comprendre un touriste chinois après tout…)), principe simple donc qui veut que des échantillons de chacun des très nombreux plats, entrées et dessert proposés par le restaurant sont présentés sur un comptoir avec un numéro et un prix. A l’aide d’un petit papier et crayon distribués à l’entrée nous pouvons alors noter ce que nous voulons, le donner à une serveuse puis attendre l’ensemble à notre table. Le seul point à améliorer est l’absence d’une description des ingrédients en anglais à côté des plats. Mais nom de nom cela ne nous empêche pas de nous goinfrer en nous régalant !!

Le lendemain effectivement le temps est complétement pourri. Nous prenons tout de même un bus pour aller visiter le village historique de Hongcun, classé au patrimoine de l’Unesco. Le village au premier abord fait un peu penser à Xitang car il est situé au cœur d’un étang en forme de croissant lunaire (« Moon Pond ») que l’on traverse grâce à un très étroit chemin de pierre (sans barrière) au milieu duquel se trouve un magnifique petit pont en arche que l’on peut notamment apercevoir dans le film Tigre et Dragon d’Ang Lee.

Cependant, une fois passé l’enceinte du village, le reste est assez décevant et le temps détestable n’arrange rien. Quelques vastes demeures d’époque (dynastie des Song) notamment le Chengzhi Hall comptant pas moins de 28 pièces et datant de 1855 sont intéressantes, ainsi qu’une place hébergeant un très ancien et immense Ptérocaryer de Chine (non, c’est un arbre, pas un dinosaure volant), mais la pluie battante à relativement rapidement raison de nous et nous rentrons à Tunxi.

Bien sûr nous retournons diner dans ce fabuleux restaurant de la veille, et mettons en ordre nos sacs pour l’excursion du lendemain. 

Départ à 6h en bus pour Tangkou, d’où nous prenons une navette pour rejoindre le pied des marches de l’Est où nous arrivons à 9h. Il y a 2 manières de gravir le mont Huangshan depuis Tangkou : les marches de l’est ou bien celles de l’ouest (à priori plus longues et plus difficiles). A chaque fois il est également possible de prendre un téléphérique, mais ça c’est pour les feignasses avec beaucoup d’argent. Et puis quelle idée de faire en téléphérique l’ascension d’une montage sacrée sur laquelle des artistes et des ermites bouddhistes sont venus s’isoler du monde temporel et méditer durant des siècles ? Cela n’a aucun sens.

En tout cas nous avons vraiment bien fait d’attendre un jour de plus pour venir car aujourd’hui le temps est radieux, le ciel d’un bleu profond et uniforme.

Nous tentons une nouvelle fois de faire marcher nos fausses cartes d’étudiant et ça passe : 115Yuan au lieu de 230, ça permet de commencer l’ascension le cœur léger.

Il nous faut 1h20 pour parcourir les 7,5km de marches pour parvenir au sommet du premier ensemble de pics, en passant par la crête de l’Oie Blanche. Comme lors de notre excursion sur les monts Huashan avec Carole quelques semaines plus tôt, nous doublons de nombreux porteurs acheminant à dos d’homme tout ce que les touristes consommeront au sommet. Une fois de plus ç’a à l’air juste inhumain comme boulot.

Le mont Huangshan (aka la montagne jaune) est constitué d’un ensemble de pics granitiques très clairs plus ou moins escarpés et parsemés de pins aux formes tarabiscotées, entrecoupés par d’étroites vallées particulièrement touffues également. C’est sans exagérer à couper le souffle, partout où notre regard se porte on se croirait véritablement au milieu d’une peinture chinoise.

Depuis la crête de l’Oie Blanche nous débutons le tour des pics côté Est : le pic de la Mer du Nord, le pin du Tigre Noir et poussons jusqu’au pic du Lion.  Au loin la brume sur les chaînes de monts donne l’impression d’une mer étincelante c’est fabuleux.

Nous rejoignons alors le pic du nuage pourpre pour entamer une descente dans le Grand Canyon de Xihai. Ici il n’y a plus vraiment de chemin, le parcours est constitué par des marches bâties à même les parois abruptes de la montage, parfois aussi à travers certaines parois. C’est particulièrement impressionnant, il faut vraiment prendre le temps de faire cette boucle.

Par contre, il y a un problème… Ca descend. Ca descend même beaucoup, et pas du bon côté de la montagne. Il va donc indéniablement falloir remonter tout ça… C’est interminable, et au final nous sommes passés d’une altitude de 1700m à 1300m !

Cela dit il existe une station de téléphérique en bas, mais bien entendu elle est payante. Nous décidons donc de mettre à profit cette année d’exercices et de finir la boucle à pied. Il nous faudra d’ailleurs continuer à descendre encore un peu après la station pour rejoindre le chemin piéton permettant de remonter (ça ne fout pas du tout le moral dans les baskets ça, non non). Mais avant tout une pause s’impose, nous tombons sur un restaurant complétement isolé et parfaitement vide au milieu de la forêt dans la vallée. Comme nous avons notre pique-nique nous demandons si nous pouvons simplement nous installer à l’une de leur table dehors et prendre un peu d’eau chaude pour nos soupes de nouilles, ce à quoi ils accèdent gentiment. Attention tout de même, grands princes, nous leur achetons des snickers pour les remercier Sourire

Nous parvenons une nouvelle fois au sommet côté ouest vers 15h15, complétement morts, plus de jambe, plus d’énergie. Il faut cependant nous hâter pour pouvoir redescendre à temps et attraper la dernière navette vers Tangkou. Nous retraversons donc le haut plateau vers la crête de l’Oie Blanche et reprenons les fameuses marches de l’Est en sens inverse. Nos genoux tiennent le coup et  nous arrivons pour une des dernières navettes à 16h30 !!

La joie est de courte durée car à Tangkou le dernier bus pour Tunxi est déjà parti. Les taxis sont hors de prix, même partagés à 4 avec un autre couple dans la même situation que nous cela nous revient plus cher qu’une nuit d’auberge ici plus le bus le lendemain matin. Nous restons donc et trouvons une chambre privée pour presque rien tout à fait confortable. Nous sommes épuisés mais incroyablement satisfaits de cette magnifique journée sur la montagne jaune !

Seul inconvénient : nous ne retournerons plus dans notre restaurant favori de Tunxi En pleurs

Nous rentrons donc sur Tunxi le lendemain matin, même si trouver le bon bus ne fut pas chose aisée bizarrement. Personne ne nous comprend, personne ne parle anglais,  personne ne semble être d’accord alors que c’est censé être une ligne très courante… Nous montons dans un bus que l’on nous indique enfin, qui part dans un sens, fait une boucle, revient là où nous étions, puis continue enfin sa route vers Tunxi.

Là-bas, nous retournons prendre nos affaires à l’auberge de jeunesse où j’en profiterai pour oublier les Tankas bouddhistes que nous avaient offerts Dorjee et son frère à Xiahé (mais je ne dirai rien à Anaïs héhéhé…. Elle ne s’en apercevra que quelques semaines plus tard et m’engueulera tout autant mais sur le moment je suis sûr que c’était mieux de ne rien dire :p) et reprenons directement un bus pour Shanghai.  Nous y arrivons donc le 26 au soir, prenons quelques bières bien méritées et allons nous coucher. 

Le lendemain c’est repos. Toutefois lorsque nous souhaitons confirmer une nuit supplémentaire dans l’auberge le réceptionniste ne semble pas vouloir de nous. Il persiste à nous dire que c’est complet alors que notre dortoir est presque vide. Nous remontons en salle commune, regardons sur le site booking.com qui donne encore de la place en dortoir et réservons donc une chambre via internet. Lorsque nous descendons pour prévenir et confronter le réceptionniste, celui-ci est accompagné par une collègue. C’est elle qui nous parle en disant qu’il a dû faire une erreur. Quant à lui, il n’a pas oser lever le regard vers nous une seule fois. Incompréhensible… Peut-être un chinois raciste, allez savoir.

Le soir nous rencontrons une Hongkongaise parlant un français presque parfait, prénommée Jasmine. Elle étudie le français après avoir passer une année en tant que fille au pair en Alsace  et est venue à Shanghai pour passer un test à l’Agence Française qui lui permettra potentiellement de l’enseigner (nous apprendrons plus tard lorsque nous la recroiserons à Hong-Kong qu’elle n’aura malheureusement pas validé son test).

Jasmine me fait penser à un adorable petit lutin tout gentil, spécialement lorsqu’elle enfile son bonnet à pompon pour sortir. Ce que ne nous tardons d’ailleurs pas à faire pour aller faire un tour sur la promenade du Bund : et oui c’est nous qui servons de guide à une Hongkongaise à Shanghai, on aura tout vu ! Elle nous parle un peu de la vie à Hong-Kong, du fait qu’ils ont encore des libertés spécifiques par rapport au reste de la Chine, notamment en ce qui concerne internet, mais que le gouvernement chinois fait tout pour leur retirer coute que coute, et qu’elle pense qu’ils ne mettront pas longtemps. On voit aux récentes manifestations des jeunes hongkongais en septembre 2014 que malheureusement elle avait sans doute raison (oui j’écris bien ce post plus d’un an après les faits, que voulez-vous j’ai été très pris…. Oui très feignant aussi un peu c’est vrai).

Bref il est maintenant temps pour nous de quitter Shanghai pour de bon. Nous mettons donc nos gros sacs sur les épaules, passons enfin récupérer nos passeports contenant des extensions de visas toute neuves puis nous nous dirigeons vers la gare. Nouvelle partie de plaisir en perspective : 20h de train en place assise pour rejoindre Guilin, en province de Guangxi. Cela dit après les 30h entre Chengdu et Shanghai nous sommes rodés et ça passe donc plutôt bien. 

Le vendredi 29 novembre à 10h30 nous voilà ainsi arrivés en Guangxi, dernière grande étape de notre périple en Chine avant Hong-Kong. Nous commençons notre tour de la région par la ville de Guilin, où nous nous baladons après avoir déposé nos sacs à notre auberge de jeunesse Ming Palace International, plutôt bien située, proche de la rivière Li et du centre-ville.

Cela dit le centre-ville n’est clairement pas l’intérêt de cette magnifique ville de Guilin. En effet ce dernier est ultra-occidentalisé, avec ses grandes rues piétonnes aux centaines de magasins de marques, fast-food et autres produits de notre capitalisme bien-aimé on se croirait presque aux Etats Unis. Non la journée il vaut mieux en sortir, mais c’est à la nuit tombée que ce centre prend tout son intérêt, ou en tout cas une partie. Dans un ensemble de petites ruelles partant perpendiculairement de la rue principale, tout pleins de restaurants sortent leur grandes tables et leur bancs, des stands apparaissent un peu partout et une partie de la population de la ville se retrouve là pour diner de façon très conviviale. Il y a des familles mais ce sont surtout des jeunes et apparemment le jeune Guilinois adore les brochettes de poulpe. Nous faisons quelques arrêts à des stands pour goûter plusieurs trucs bizarres (mais, nous ferons l’impasse sur le poulpe visqueux, je l’avoue) avant de nous installer à une grande table de l’un des restaurants, entourés de locaux avec qui nous tenterons d’échanger quelques mots mais sans beaucoup de succès.

Je vous parle du diner mais avant cela il s’est passé une ou deux histoires valant la peine d’être contées en ces lignes. Guilin étant situé sur une plaine parsemée de pics karstiques, ces pics aux falaises escarpées sur lesquels poussent une végétation touffue (dans le style de ceux de la Baie d’Halong ou de Ninh Binh au Vietnam), ainsi que de petits lacs, le fond scénique que l’on peut observer derrière les maisons et immeubles est absolument grandiose.

Guilin est donc traversé par la rivière Li, compte pas moins de 5 lacs, et les pics karstique se succèdent aux alentours avec même quelques un qui s’élèvent au milieu des habitations au cœur de la ville ! C’est notamment le cas du pic de la Beauté Solitaire, au pied duquel se trouve le palais de Wang Cheng datant du 14ème siècle. Il est possible d’y grimper jusqu’au sommet mais il fait beau, il fait bon, nous préférons cette fois continuer sur le plat et nous élancer dans une promenade tranquille autour des 5 lacs.

L’aménagement au bord des lacs est très agréable, beaucoup de verdure, de passages en pierre et de ponts aux formes et à l’architecture évoluées permettant de rejoindre de petits ilots sur les lacs. De nouveau, et à plusieurs reprises, des personnes nous arrêtent pour nous prendre en photo, et d’autres  tentent leur chance à notre insu mais en manquant généralement de discrétion Innocent

Deux grandes pagodes surplombent majestueusement le premier lac. Celles-ci sont encore plus belles de nuit lorsqu’elles s’illuminent et se reflètent de mille feux dans le lac.

Nous continuons de suivre notre chemin autour des lacs, nous nous perdons au nord du 3ème dans ce qui doit apparemment être le quartier des ferrailleurs et des mécanos avant de retrouver les berges du 5eme, tout en longueur parallèlement à la rivière. Un mini Golden Gate Bridge nous permet cependant de le traverser sans avoir à compléter l’interminable boucle et de rentrer prendre un apéro avant de ressortir diner.

Le lendemain, samedi 30, nous prenons un bus à 8h00 pour Heping, base de départ pour les excursions dans les Rizières du dos du Dragon. De là une navette nous conduit jusqu’au village de Dazhai. Deux entrées principales pour les rizières, soit au niveau de Dazhai, soit au niveau de Ping’An, avec un long trek possible entre les deux.

Dans le bus nous rencontrons 2 étudiants français, Romain et Amar, qui font valoir leurs authentiques cartes d’étudiant à l’entrée des rizières. Nous tentons donc  d’obtenir moitié prix également avec les nôtres (légèrement moins authentiques) mais cette fois le contrôleur qui comprend notre alphabet, ne tombe pas dans le panneau… Tant pis, ça sera plein tarif.

Cette région autonome de Zhuang est principalement peuplée par l’ethnie Yao. Les femmes Hongyi Yao du village de Dazhai ont la célèbre particularité de se laisser pousser de très très longs cheveux, qu’elles s’enroulent autour de la tête pour plus de praticité. Une fois déroulée, leur incroyable tignasse noire et lisse leur descend généralement jusqu’aux chevilles. En entrant de le village, nous en croisons rapidement une, vêtue de son costume traditionnel noir et rouge, qui cherche à nous attirer dans son restaurant. Il n’est pas encore midi, mais nous décidons d’y déjeuner rapidement avant de commencer le trek dans les rizières. Sur la balustrade de la terrasse de son restaurant, 2 longues mèches de cheveux (coupées) semblent être en train de sécher. Si j’ai bien compris ce que nous a alors raconté cette charmante petite dame, il se passe qu’à seulement 2 reprises dans leur vie les femmes Hongyi Yao coupent tout leur cheveux (principalement pour les vendre) et se les laissent ensuite repousser de nouveau. Des cheveux d’une telle longueur sont évidemment extrêmement rares et donc prisés des perruquiers j’imagine.

Nous commandons un plat typique, le Zhutong Fan, qui consiste à du riz cuit lentement dans une grosse tige bambou placée au milieu des braises d’un feu de bois. Alors c’est super bon et tout et tout, mais  par contre nous mettons 1h à être servis ce qui nous mettra très en retard pour le trek que nous souhaitons faire. C’est donc en hâte que nous mangeons et laissons Romain et Amar restés prendre un dessert. Ils ont prévus de dormir une nuit dans l’un des villages, mais nous n’en avons malheureusement pas le temps du fait de notre programme chargé avant de partir pour Hong-Kong (et oui toujours l’éternel problème de devoir faire des choix).

L’hiver n’est  pas la meilleur saison pour voir les rizières, mais le paysage n’en reste pas moins époustouflant. Nous montons rapidement hors de la vallée sur un des flancs de montagne sur lesquels sont posés ces monumentaux escaliers de culture.

De là haut la vue est formidable. Tous les côtés de la vallée semblent avoir été transformés en rizières, et ce à perte de vue. L’incroyable ingéniosité et quantité de travail qu’il a dû falloir pour les concevoir et les construire sont aberrantes. C’est formidable.

Nous décidons d’entreprendre le trek allant jusqu’à Ping’An afin de sortir des sentiers battus et de traverser plusieurs villages ethniques dont certains datent de plus de 600 ans. Alors effectivement il y a moins de monde, voire personne du tout, sur les chemins mais pas beaucoup d’indication non plus. Déjà que nous ne sommes pas très en avance, nous tombons sur des culs-de-sac à plusieurs reprises, devons traverser des fourrés, des espèces de champs de joncs plus hauts que nos têtes, des forêts sans chemin, des ponts faits de bric et de broc, afin d’éviter de devoir trop redescendre dans la vallée. Nous n’en sommes pas sûr mais on s’en doute Ping’An est dans une vallée voisine, si nous descendons maintenant il faudra remonter. Bref c’est chaud et mais nous parvenons à priori à conserver une direction relativement constante. Nous arrivons à un premier village où quelqu’un arrive enfin à comprendre où nous souhaitons aller et à nous indiquer la direction. Au moins il ne nous dit pas de revenir sur nos pas, c’est déjà ça, mais nous ne nous sommes pas si bien débrouillés que ça car qui ne tardons nous pas à apercevoir devant nous sur le chemin, et oui je vous le donne en mille : Romain et Amar !

Nous faisons un petit bout de chemin avec eux mais ne tardons pas à les distancer de nouveau. Bon on s’est pressé mais nous prenons aussi le temps de nous imprégner de cette vue magnifique qui continue de nous époustoufler tout au long du chemin. A quelques reprises nous croisons des fermiers très sympathiques, portant généralement des trucs super lourd sur leur dos (c’est le propre du fermier Chinois je pense, ils ne sortent jamais sans leur 300kg de bois/parpaing/briques/bidons, au choix), ou encore des femmes au long cheveux qui acceptent de poser avec nous.

Nous courrons presque, le dernier bus à Ping’An est censé partir à 16h, mais les vallées et les villages s’enchaînent sans que nous n’y parvenions, en plus nous nous perdons une nouvelle fois, hésitant à un embranchement, ce qui nous vaudra de retomber une nouvelle fois sur nos 2 français.

Les villages se ressemblent un peu tous, mais aucun ne manque de charme et il est sans doute dommage que nous n’ayons pas pris le temps d’y passer une nuit. En effet à 17h nous arrivons à l’entrée de Ping’An. Un peu plus touristique que les autres, il y a des auberges de jeunesse et dans l’une d’elle on nous informe que le dernier bus est sur le point de partir. Nous courrons donc pour traverser le village et rattrapons le bus qui avait démarré et sortait du parking.

Au moins nos efforts n’auront pas été vain, mais si je peux donner quelques conseils au lecteur qui décidera de ce rendre dans ces rizières ça sera d’y passer une nuit, de faire le trek reliant Dazhai à Ping’An en prenant son temps et peut être de préférer la période entre mai et octobre.

Toujours est-il que nous rentrons donc à Guilin à 20h30, retournons diner dans les petits restaurants conviviaux du centre et allons prendre un repos bien mérité à notre auberge.

 

Guilin c’est terminé, place à Yangshuo, où nous nous rendons en 1h30 de bus le lendemain matin (dimanche 1ier). Situé au sud de Guilin, toujours sur la rivière Li, Yangshuo présente un décor un peu similaire de pics karstiques mais au nombre et à la densité bien plus importante. L’inconvénient peut-être serait qu’elle ressemble plus à une colonie de backpackers qu’à une ville chinoise mais ici c’est ce qu’il y a autour de la ville qui vaut le détour, et franchement le détour est mérité. Et puis j’exagère un peu car même si il est plein de touristes dans notre genre, le centre est assez agréable avec la rue principale « West Street », quais-piétonne, longeant un grand étang avant de rejoindre la rivière Li, et bordée par une multitude de restaurants typiques, de boutiques de souvenirs, d’artisanats et pleine de vie. Bien entendu, les prix s’en ressentent et on n’a pu vraiment l’impression d’être paumé au fin fond de la Chine rurale.

Comme beaucoup d’auberges de jeunesse de Yangshuo, la notre, Showbiz Inn (nom traditionnel chinois vous l’aurez reconnu), est située dans le centre et est surmontée sur son toit d’un bar en terrasse donnant accès à une vue très sympa sur les pics alentours.

Mais il est trop tôt pour une bière assis sur les bancs d’un bar ! Sitôt nos sacs déposés, nous courrons louer de formidable vélos roses (sans aucun doute les moins chers de la ville, mais ils feront leur boulot sans problème) à un loueur situé tout près d’un restaurant traditionnel « Maque Donhald » où nous dégustons ce plat typique appelé « Hâm-Burghere ».

Il y a beaucoup de parcours très sympas à faire autour de la ville, passant au milieu des champs, le long des rivières et des pics karstiques, traversant une multitude de petits villages. La réceptionniste de notre auberge nous conseille et nous choisissons pour ce premier jour une boucle au sud-est de Yangshuo, passant notamment par les villages de Dutou, Liugong et Muqiao (non je n’ai pas de carte sous les yeux j’ai gardé ces noms en mémoire tout ce temps !!).

Les paysages sont véritablement impressionnants et s’enchainent au fur et à mesure de nos coups de pédales. Rizières ou autres cultures en avant-plan de ces chaînes de pics verdoyants, le tout sur fond d’un ciel bleu éclatant, nous tombons facilement sous le charme de cette région. Il ne faut pas hésiter à sortir de la route pour passer par des petits chemins faisant le tour des champs. C’est notamment sur l’un de ces chemins que nous croisons un fermier menant son buffle d’eau avec qui nous échangeons quelques amabilités (avec le fermier, pas le buffle), amabilités limitées du fait de la langue bien-sûr, n’allez pas attendre d’un fermier chinois à ce qu’il parle anglais… enfin il faudrait être américain pour s’attendre effectivement à une telle chose je pense). Il nous invite en rigolant à venir observer et caresser son buffle ce que nous faisons, sans peur et sans reproche !

Les villages que nous traversons ne semblent pas très riches, beaucoup de vieux véhicules, certains abandonnés à tout jamais, et de bâtiments dont la construction n’est pas achevée. Mais ce qui est surprenant c’est surtout le fait que ces constructions n’ont plus rien à voir avec ce que nous avions pu voir de la Chine rurale jusque là. Elles ont perdu leurs caractéristiques asiatiques et font penser à n’importe quelle construction basique en Europe de l’Est, notamment dans les Balkans.

Nous finissons notre boucle en fin d’après-midi, rendons les vélos, et allons assister au coucher du soleil derrière les innombrables pics depuis le toit de notre auberge avec une bière à la main. Ca passe plutôt très bien je vous assure. Nous y faisons la rencontre d’une française voyageant à travers la Chine par elle-même pendant quelques semaines. Elle part se coucher relativement tôt mais non sans que nous lui donnions rendez-vous le lendemain matin pour commencer la journée en vélo ensemble.

Pour le diner nous tombons sur une gentille dame vendant des espèce de galettes à la viande et aux légumes qu’elle prépare devant nous sur son stand d’une main de maître. C’est succulent et ça ne coûte presque rien. Du coup nous en prenons 3 chacun et nous nous baladons dans ce centre toujours très animé (bon ok ok, j’en ai peut-être pris 5, mais c’était bon, d’accord ?!) .

La journée du 02 Décembre est plutôt bien remplie. Nous la commençons en nous rendant en vélo jusqu’aux docks de Chaoyang à l’ouest de la ville. Nous quittons ici la française rencontrée la veille qui continue la balade en vélo alors que nous montons sur une jonque en bambou pour descendre la rivière Yulong. Pas de problème pour les vélos, le camion allant récupérer les jonques au point d’arrivée sert aussi à y descendre les vélos des touristes (n’est ce pas formidable ?).

La jonque, un long et étroit radeau en bambou sur lequel est fixé un banc à deux places, est dirigée et propulsée à la main par un chinois, généralement depuis l’arrière, en poussant sur le fond de la rivière à l’aide d’une longue tige en bois. Cette mini-croisière fut vraiment un moment sympa d’une part pour les paysages que nous observons depuis la rivière serpentant entre les pics et les champs, et d’autre part du fait de la convivialité entre les perchistes et les passagers des quelques autres jonques (3 ou 4) voyageant de concert avec la notre. Nous rigolons bien, nous prenant en photo mutuellement, nous dépassant successivement, faisant des signes, mais c’est surtout grâce à un phénomène que cela se transforme en véritable festival.

Ce phénomène n’est autre qu’une touriste chinoise complétement exubérante qui passe son temps à chanter, à danser et à demander à qu’on la prenne en photo sur sa jonque. Au début nous pensons qu’elle est accompagnée d’un ami à elle, vu qu’ils sont deux en plus du perchiste, mais nous comprenons rapidement qu’elle ne l’a engagé que pour avoir quelqu’un qui puisse la prendre en photo. Et ça des photos d’elle, il en prend, encore et encore, dans toute sorte de poses. Elle parle avec tout le monde, les perchistes de toutes les jonques, avec les autres voyageurs, avec nous également dans un anglais pas trop mauvais. Du coup je lui demande de chanter « Happy Birthday Greg » pour la vidéo d’anniversaire que je prépare pour mon frère, ce qu’elle fait de façon remarquable et toujours hilarante.

A plusieurs reprises la jonque doit passer des petits dénivelés aménagés au milieu de lignes de rochers, plongeant alors la proue sous l’eau à l’arrivée en bas. Il ne faut pas oublier de garder les pieds en l’air sous peine de se les faire tremper (ce qui bien entendu nous arriva la première fois). Dans certains cas un petit stand flottant est positionné en aval pour prendre en photo les jonques passant ces dénivelés et proposant ensuite de vendre les clichés aux touristes mais nous n’en prendront pas. Il faut tout de même faire vivre le commerce local, lorsque les jonques accostent de petits restaurants (flottants eux aussi) au milieu du parcours, nous prenons du maïs grillé, une bière, plus une autre que nous offrons à notre perchiste.

A l’arrivée nous échangeons quelques mots avec notre phénomène et apprenons que c’est la première fois qu’elle voyage, qu’elle sort de sa région et qu’elle compte bien en profiter et s’amuser autant que possible (de ce qu’on a pu en voir elle sait bien s’y prendre). Malheureusement nous n’aurons pas l’occasion de la recroiser à Yangshuo.

Nous observons les employés empiler des dizaines de jonques sur de tout petits camion pour les remonter en amont puis récupérons nos vélos pour rouler jusqu’à la Gold Water Cave, fameuse grotte située non loin.

Il y a plusieurs grottes à visiter potentiellement dans le coin, celle de Gold Water a l’avantage de proposer 3 parties : les impressionnantes salles remplies de stalactites, stalagmites et autres formations rocheuses absolument farfelues, les immenses bains de boue naturels sous une cavité de la grotte, puis les sources d’eau chaude, toujours naturelles. L’entrée est un peu chère (et nos fausses cartes d’étudiant ne fonctionneront pas) mais comme c’est le cas pour la plupart des attractions touristiques autour de Yangshuo, vous pouvez acheter des billets moins chers à des petites vieilles sur le bord de la route. Pour la grotte nous ne leur ferons pas confiance et sans doute à tort, car ça marchera très bien pour l’Arche de la Moon Hill où nous irons après. Mais n’anticipons pas trop et revenons à notre grotte. La visite des salles est sympa, même si je trouve que l’éclairage très colorés qu’ils y ont installé gâche un peu le truc. Cela reste assez impressionnant et la guide (obligatoire) est plutôt intéressante.

Mais le plus fun est sans conteste la partie bain de boue puis la relaxation dans les sources d’eau chaude. Au moment d’arriver au gigantesque bain de boue, un petit vestiaire est aménagé (n’oubliez pas votre maillot de bain) pour se changer. Au moment où nous y arrivons, il n’y a personne d’autre, il fait très sombre, j’avoue que grimper le monticule de pierre/terre et mettre pied là dedans n’est pas très rassurant… Je finis par y aller, ça glisse, c’est gelé, le fond est visqueux mais j’avance et finis par avoir de la boue jusqu’au genou. Et puis, hé bien, il faut y aller. A genoux je plonge et ressort transformé en homme-boue. Anaïs semble enfin rassurée sur le fait qu’aucune bête n’est tapie au fond de la boue attendant qu’un touriste soit assez fou pour s’aventurer sur son territoire pour le gober et le digérer. Nous sommes donc bientôt 2 monstres de boue, rejoins par des touristes chinois qui semblent plus habitués que nous à cette pratique du bain de boue au fond d’une grotte sordide. Après quelques plongeons supplémentaires, de la boue plein les yeux et la bouche nous décidons que c’est suffisant, sortons nous rincer à une douche (froide) aménagée près du vestiaire pour enfin nous jeter dans les sources d’eau chaude salvatrices et savourer une séance de relaxation bien méritée.

Un peu plus loin sur la même route que la grotte se situe la Moon Hill, colline de la lune, ou encore Yueliang Shan en chinois, appelée ainsi du faire de la gigantesque arche rocheuse située à son sommet. Cette fois donc nous suivons une petite vieille qui nous demande moitié prix et nous fait rentrer et rejoindre les marches menant au sommet de la colline par une entrée dérobée. La légalité du mode opératoire n’est pas exactement limpide mais bon qui sommes nous pour juger ?

La visite normalement se limite à atteindre le sommet de la colline et donc le pied de la formidable et gigantesque arche se situant là, mais nous avons la chance de croiser en montant deux touristes d’Europe de l’Est qui nous apprennent l’existence d’un passage praticable menant au sommet de l’arche (passage débutant juste derrière un panneau « Interdit », allez savoir pourquoi). La vue depuis le sommet de la colline est déjà très sympa, mais elle n’a rien à voir avec celle, à couper le souffle depuis le sommet de l’arche. De là-haut nous sommes assez haut pour surplomber la plupart des milliers de pics karstiques visibles de ce point de vue. Jusqu’à présent il ne nous avait pas été possible de nous rendre compte qu’il y en avait autant, c’est époustouflant. Si vous monter sur la Moon Hill, il vous faut impérativement trouver  ce passage. Il faut passer sous l’arche, descendre un peu le chemin de l’autre côté, puis vous verrez un panneau interdit sur votre gauche cachant un passage à travers les fourrés.

C’est donc ravis et fascinés que nous redescendons de notre perchoir et reprenons nos vélos pour rentrer. La route du retour est très agréable, le soleil est couchant, les couleurs sont magnifiques. En traversant le pont enjambant la rivière Li je demande à grand groupe de touristes chinois de crier Bon anniversaire en chinois pendant que je les filme, ce qu’ils font très sympathiquement.

A noter que durant ces quelques jours, et de façon générale durant nos 5 semaines en Chine, c’est en grande majorité des touristes chinois que nous croiserons. Il est clairement avéré que ces derniers voyagent énormément au sein de leur propre pays, qui a il est vrai plus les dimensions d’un continent.

Le soir nous donnons rendez-vous aux 2 français Romain et Amar rencontrés dans les rizières du dos du Dragon avec qui nous sommes restés en contact par email, et passons une soirée très sympa avec eux et 2 amis les accompagnant à boire des coups et jouer au billard. La serveuse au bar terrasse de notre hôtel avec qui nous avons sympathisé la veille est cependant trop timide pour se joindre à nous.

Le lendemain, mardi 03 décembre (anniversaire de mon cher frère) signe la fin de notre périple en Chine. Après plus de 5 semaines à en arpenter les contrées, de Pékin jusqu’à Shanghai en passant par la route de la soie et les portes du Tibet, nous prenons un bus de nuit pour la frontière Hongkongaise (oui je sais que Hong-Kong fait partie de la Chine, mais j’aime à les différencier pendant qu’on le peut encore).

Durant la journée, c’est plutôt calme : dernière visite de Yangshuo en flânant entre les nombreux étales du marché, écriture du blog, classement des photos, et commande de 5 ou 6 galettes à notre petite vendeuse avant de nous diriger vers le terminal où nous attend notre bus-couchette. On s’est dit cool un bus couchette, on va pouvoir dormir dans un bus pour une fois. Mais c’était sans nous rappeler que nous sommes dans un pays où la taille moyenne doit avoisiner les 1m60. Si on comptait pouvoir allonger nos jambes c’est rater, seule la position du fœtus sur le côté sera envisageable… C’est mieux que rien c’est vrai.

再见中国 - Zàijiàn zhōngguó !!

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