Ile de Paques

Rapa Nui ou l'ile des oeufs en chocolat

Nous arrivons le 11 juillet sur la très mystérieuse île de Pâques. Le temps est dégagé, l'avion nous offre une vue d'ensemble splendide, mais nous sommes encore trop haut pour pouvoir distinguer les Moai. Nous optons pour le camping situé face à la mer à seulement 15min à pied de la ville principale, Hanga Roa. Le vent y est relativement fort mais notre tente en a vu d'autre et puis la vue est juste incroyable! Qu'est ce que ça peut faire si la tente s'envole une fois ou deux, hein?

Il nous reste tout l'après-midi pour commencer notre exploration de la ville et préparer notre programme des jours à venir. Nous pourrons faire de la plongée,  aller par nos propres moyens sur certains sites et prendre un tour guidé pour ceux, les plus importants, à l'autre bout de l'île.

Le lendemain, vendredi 12 juillet, nous avons ainsi rdv avec les profondeurs de l'océan : 3mois après avoir passé notre Padi en Colombie, nous allons plonger de nousveau. Les fonds sont moins colorés que dans les Caraïbes mais la visibilité est absolument éblouissante, 50 à 60m (aucune pollution). De plus les poissons sont étonnement peu craintifs, ils nous suivent et nous tournent autour avec curiosité. A plusieurs reprises j'arrive même à les toucher, notamment un gros mérou qui nous suivra avec son pote pendant les 35min sous l'eau. Assez pittoresque aussi, c'est la statue Moai qui gît à 24m de fond avec de gros oursins dans les narines en guise de pitounes. Il ne s'agit cependant pas d'un Moai d'époque mais d'une copie immergée par un local en hommage à son grand-père décédé. Et miracle, en toute fin de plongée nous apercevons une grosse tortue marine évoluant avec une grâce infinie à quelques dizaines de mètres du groupe. Elle est loin la bougre certes, mais cela nous ravit tout de même car nous attendions ça depuis longtemps.

L'après-midi nous entamons notre exploration de l'île, nous prenons donc nos pieds et marchons jusqu'à 'Orongo, site du cratère du volcan Rano Kau et d'un ancien village indigène coincé entre le cratère et les falaises plongeant sur l'océan. C'est dans ce village qu'était célébré le rituel de l'homme-oiseau durant la période post-moai, et jusque le milieu du 19ème siècle tout de même. Il s'agissait pour les chefs des différentes tribus de faire une course de gros cinglés (à tel point que je ne suis même pas sûr que Julien Gare aurait relevé le défi (enfin, à jeun en tout cas) : descendre la  falaise abrupte à mains nues (100m de hauteur voire plus), nager jusqu'à l'île de Motu Nui, à 1,5km de là, y attendre plusieurs jours sans rien à boire ni manger que les oiseaux y nichant pondent leurs premiers œufs, en trouver un et faire le chemin inverse avec l'oeuf dans la main. Le premier à ramener l'oeuf était élu homme-oiseau de l'année... Voila... C'était la grande classe à l'époque, les nanas kiffaient bien je pense. Sinon les maisons restaurées nous montrent des demeures très basses, impossible d'y tenir debout, faites en empilement de pierres plates.

Quant au cratère, il est particulièrement imposant, parfaitement rond, avec une lagune au fond qui servait de réserve d'eau douce à l'époque et encore aujourd'hui d'ailleurs (j'espère tout de même qu'ils la filtrent car à la voir comme ça je vous assure que ça ne donne pas soif).

Le soir nous nous rendons sur le site de Tahai au nord de la ville en bord de mer, où 4 Moai tournent le dos à un couché de soleil flamboyant qui rend presque une apparence humaine à leurs imposantes silhouettes de pierre et redonne ainsi vie pour quelques minutes aux rois antiques dont les esprits sont enfermés à l'intérieur.

Étant donné que nous sommes extrêmement motivés, nous partons le samedi 13 juillet pour une marche de 5h passant par plusieurs sites Moai. Enfin je dis 5h parce que c'est ce que nous a dit la nana du centre d'information, mais il en faudra bien 6, et ça sera bien bien BIEN crevant! Premier site : la carrière où étaient sculptés les chapeaux des Moai. Ceux ci étaient fait dans une pierre rouge, plus légère que la pierre gris-jaune des Moai. Ils faisaient tout de même plusieurs tonnes. Le rouge vient vraisemblablement du fait que le premier roi à être arrivé sur l'île était roux... Et oui! C'est incroyable mais ici et à cette époque, être roux était signe de noblesse et de classe (et non pas de suppôts de satan (enfin sauf Paul, Julien tu sais bien, lui il a la classe, ha et sauf toi Yann;p)).

Deuxième site : les 7 Moai tournés vers la mer. En effet tous les Moai sortis de la carrière tournent le dos à la mer, sauf ces sept-ci. Mais pourquoi me direz vous?! Et bien c'est simple! Bien que les historiens et archéologues n'expliquent toujours pas comment un endroit aussi isolé (plus de 2000km de toute autre terre) a pu être colonisé par un peuple primitif, il y a une légende qui explique ça très clairement. Sur une île de Polynésie ou d'Asie du sud-est vivait un peuple très gentil. Sentant venir un énorme cataclysme qui engloutirait leur île, le roi décide de partir vers des rivages plus accueillants. Malheureusement toutes les îles aux alentours sont occupées par des tribus hostiles (à priori personne ne pouvait les blairer), ils n'avaient donc nulle part où aller:'( Mais ce qui est chouette c'est que leur chaman ayant la capacité de voir en rêve des trucs très loin, vut une île inhabitée par delà l'horizon adéquate pour les accueillir! Qui plus est il rêvat aussi de la route à suivre pour s'y rendre (et le temps de parcours, le volume d'essence nécessaire, en mode piéton ou en mode bateau, enfin bref le rêve bien complet façon google-map). Tout est donc au poil! Ils embarquent sur 2 gros bateaux et envoient en eclairage 7 explorateurs sur de petites embarcations rapides. Ceux ci arrivent sans soucis, repèrent une plage où pourront accoster les bateaux du roi et commencent à planter et à batir. Les autres par contre vont morfler un peu : plus de 4 mois en mer, à bout de force, ayant épuisé toutes les ressources emportées sauf 1 ou 2 animaux, ils ne survivront en arrivant que grâce à ce qu'auront pu déjà préparer les 7 éclaireurs. C'est donc en hommage à ces derniers que seront érigés les 7 Moai face à la mer! Yeah!

Nous finissons notre marche en longeant la côte sur plusieurs kilomètres. Côte de falaises abruptes noires sur lesquelles s'abattent des vagues puissantes, cela nous rappelle un peu la Bretagne (mais sans les bretons donc ça va...). A noter que pendant toute notre marche deux chiens ont décidé de nous suivre, deux bons gros adorables toutous à qui je donnerai les noms de Nikki (le noir) et Vince (le beige), comprendra qui pourra! Ils avaient tout de même un gros souci avec les chevaux. Dés qu'on en croisaient ils se ruaient vers eux pour leur aboyer dessus et claquer des dents, et à chaque fois superbement ignorés par nos amis équidés. Peut-être une sorte de rivalité entre les 2 meilleurs amis de l'homme, ou alors juste 2 chiens abrutis, je ne sais pas.

Bref revenons à nos Moai! Car le lendemain, dimanche 14 juillet (Cocorico!), nous partons en excursion guidée sur les sites principaux de l'autre côté de l'île. J'ai donc plein d'histoires à vous racconter! Tous les Moai étaient fabriqués au même endroit, dans les paroies du volcan Rano Raraku et tous étaient taillés sur place puis transporté en dehors de la carrière en attendant d'être acheminé vers sa place definitive, qui pouvait se trouver à l'autre bout de l'île c'est à dire sur plus de 30km! Pourquoi ne pas juste sortir un bloc de pierre, l'acheminer et le sculpter sur place (plus facile à transporter, moins de risque d'abîmer la sulpture...)? Et bien car c'était une pierre sacrée et seule la pierre ouvragée pouvait être sortie de la carrière (logique). Seuls les yeux etaient sculptés et ajoutés une fois le Moai dressé à sa place (et le chapeau, provenant d'un autre site, assemblé) car ce n'est qu'une fois que les yeux sont placés que le Moai prend vie. Les ossements du noble à qui est destinée la statue sont enterrés à proximité, l'esprit du mort passe alors des os à la statue. Mais les Moai n'étaient pas destinés à durer éternellement. Quand la pierre devenait trop abîmée par l'érosion, alors les yeux étaient retirés (afin que le mort ne puisse pas voir qui allait le faire) et la statue retirée et détruite. Une fois les yeux retirés, l'esprit est libéré et peu enfin rejoindre l'au delà,  sa vie terrestre en tant que humain et Moai est achevée. La pierre sert ensuite à construire et agrandir les plateformes où sont érigées les Moai. Au cours des siècles les techniques évolues, les statues s'affinent et grandissent. Le plus grand jamais acheminé à sa place fait plus de 9m de haut sans le chapeau, ceux que l'on trouve sur les pentes de la carrière, à moitié enterrés sont les derniers jamais achevés, ils font presque 15m! Ils étaient dressés sur les pentes du volcan-carrière afin que les sulpteurs puissent faire le dos, puis devaient être amenés à leur place. Plus de 200 se trouvent encore à la carrière, à moitié ensevelis par les glissement de terrains!

D'autres encore sont toujours attachés à la montagne, partiellement sculptés. Parmi ces derniers nous distinguons un Moai de 22m! Mais il fut abandonné en cours d'ouvrage, l'ingénieur s'apercevant que jamais ils ne pourraient deplacer une telle masse (ça aurait peut-être été mieux d'y penser avant mon gars, mais bon moi je dis ça je dis rien...). Ce qui nous amène à la question du transport, comment faisaient ils pour les transporter sans les abimer sur de telles distances? On pourrait penser qu'ils les tiraient couchés sur des rondins de bois, mais non, les specialistes sont d'aujourd'hui quasi-sûr qu'ils étaient transportés debout! Cette théorie vient du fait que lors des premiers contacts avec leq habitants de l'île ceux ci répétaient aux colons qu'ils n'y avaient pas besoin de les transporter puisqu'une sorcière jetait un sort et les Moai marchaient tout seul jusqu'à leurs places. Les archéologues se sont dit que cette histoire abracadabrante, tellement ancrée dans la croyance de la population locale devait bien être basée sur une part de vérité. Des essais ont donc été fait et il s'avère qu'en mettant une sorte de ceinture de bois aux Moai dans laquelle on fait passer de longs rondins de chaque côté on peut faire avancer la statue beaucoup plus facilement en la faisant pivoter à gauche puis à droite et ainsi de suite. Cela presente de nombreux avantages : la pierre est moins abîmée, cela va plus vite, et cela renforce l'emprise de la noblesse et du clergé sur le peuple qui croyaient ainsi dur comme fer en leur pouvoir d'animer les statues.

Nous apprenons que plusieurs outils, gourdes et autres ustensiles ont été retrouvés éparpillé sur le sol de la carrière. Apparemment celle-ci fut abandonnée de façon précipitée... Qu'est ce qui a précipité leur fin ainsi ? Cette fois il ne semble pas que ça soit un cataclysme naturel, mais l'homme tout seul comme un grand. La construction de Moai, exigés toujours plus grand et plus nombreux par la noblesse, a nécessité toujours plus de ressources materielles et humaines. Ils ont donc fini par déforester complètement l'île, le sol initialement riche s'en est retrouvé très appauvri, bien moins productif pour les récoltes. De plus il y avait de moins en moins de personnes travaillant à produire ou chasser de la nourriture et plus de bois pour construire de nons bateau. L'analyse des restes de leurs fours en puit montre qu'initialement ils se nourissaient de gros poissons et mammifères marins, capables d'aller les pêcher en haute mer, puis seulement de petits poissons côtiers et pour finir uniquement des bernacles. En ces temps de famine, le peuple était opprimé par une noblesse qui ne leur laissait qu'une part infime de nourriture et cela à finit par aboutir à des guerres sanglantes entre tribus et au massacre de toute la noblesse. Nous sommes alors au 16ème siecle, tous les ingenieurs sont massacrés emportant dans leur tombe le secret de la fabrication des statues, l'ère des Moai prend fin. Toutes les statues sont renversées par le peuple qui y voyait une représentation de la noblesse haïe, c'est pourquoi les premiers colons à aborder l'île les trouveront toutes couchées. Ce n'est qu'à partir de 1950 que l'on commencera à les restaurer et les relever (pas toutes cependant).

Après la carrière nous avançons vers le site de Ahu Tongariki, où 15 Moai sont alignés, majestueux, au bord de la mer. C'est particulièrement impressionnant.

Seul un d'entre eux conserve son chapeau rouge, les autres ayant été trop endommagés par un tsunami au debut du siècle dernier pour être replacés. Ce site nous montre de façon éloquente, tout comme les 200 Moai en attente sur les pentes de la carrière, l'obstination fanatique d'un peuple pour ses croyances qui le meneront finalement à sa propre perte... C'est cette beauté tragique qui rend cette île si attrayante et qui la rend si particulière pour tous les voyageurs la traversant.

Mais ne pleurons pas, nous sommes le 15 juillet, il est temps de nous embarquer pour... TAHITI!!! Elle n'est pas belle la vie? 

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